Tel un avion ayant perdu le nord, le Syndicat national des journalistes est voué à un crash inéluctable. En atendant, et après avoir fait l’objet d’un détournement par des pirates déguisés en journalistes syndicalistes, le voici à présent pris en otage par des pirates tout court, des gens qui ne sont même pas journalistes.
Au moment où j’écris ces lignes, cinq personnes (Kamel Amarni, Idir Dahmani, Idir Benyounes, Mourad Ait Oufella et Nadir Bensebâa) sont au Maroc dans le cadre d’une « mission » pour le compte du SNJ. A l’exception de Kamel Amarni, journaliste du Soir d’Algérie, secrétaire général du SNJ par intérim et néanmoins par effraction, la délégation est composée soit de gens n’exerçant plus la fonction de journaliste, soit carrément d’éditeurs, c’est à dire de patrons de presse ou de personnes en voie de l’être.
Idir Dahmani, membre de cette délégation, a cessé d’être journaliste depuis longtemps. Il est à présent fonctionnaire à l’ARPT (Autorité de régulation de la poste et des télécommunications).
Idir Benyounes est directeur, donc patron du journal La dépêche de Kabylie. Un patron qui, disons-le au passage, ne déclare même pas ses employés à la sécurité sociale.
Mourad Ait Oufella et Nadir Bensebaâ, deux ex-piètres journalistes sachant à peine aligner deux phrases correctes sont également de la mission. Eux aussi n’exercent plus et s’apprêtent, grâce à un clan du pouvoir, à lancer un nouveau journal avec un compère de l’ENTV, Djamel Maâfa, un client assidu du régime qui se targue aussi de la qualité de syndicaliste. Il est vrai, toutefois, que celui-ci n’ose pas prétendre appartenir à un syndicat « autonome », mais plutôt à l’UGTA.
Samir C., un journaliste algérien qui souhaite que le SNJ revienne aux siens.